gluten et troubles neuropsychiatriques - bottes de blé Van Gogh
Nutrition, Sciences et Santé (NxS Santé), Stress, psychologie et émotions

Comment le gluten induit-il des troubles neuropsychiatriques ?

Le gluten est devenu un véritable sujet de société.

Et comme dans beaucoup de discussions ayant traits à l’alimentation et à la nutrition, tout le monde y va de son avis, plus ou moins passionné, plus ou moins éclairé. Reflet de nos croyances, de nos peurs, de notre culture et de notre histoire personnelle, ce débat ne peut avoir d’issue. Il repose en effet sur nos émotions et notre rapport personnel à l’alimentation.

Tentons provisoirement de nous éloigner de ces tempêtes émotionnelles pour regarder ce qu’en dit la science indépendante sur un point généralement peu évoqué lorsqu’on parle du gluten : son rôle possible dans certains troubles d’ordre neurologique et psychiatrique.

Alors, gluten et troubles neuropsychiatriques : hoax, effet de mode ou réels dangers ?

 

Allergie, intolérance ou sensibilité au gluten, de quoi parle-t-on ?

  • L’allergie au gluten est très rare, de l’ordre de 0,1% de la population. Elle se manifeste par des réactions allergiques graves au moindre contact avec le blé, pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique, qui engage le pronostic vital.
  • L’intolérance au gluten, que l’on appelle aussi maladie cœliaque (la sprue d’autrefois), est une maladie auto-immune. Le système immunitaire s’attaque aux cellules mêmes de la personne. Via notamment des molécules que l’on appelle auto-anticorps et que l’on peut détecter par une prise de sang. Des facteurs génétiques prédisposant ont été identifiés.
  • La sensibilité au gluten se démarque des deux précédentes par l’absence de marqueurs sanguins spécifiques. On y retrouve cependant plus ou moins les mêmes symptômes :
    • des manifestations à la fois intestinales (douleurs abdominales, constipation, diarrhée, nausée, reflux gastro-intestinal, gaz et aérophagie, etc.)
    • et d’autres dites extra-intestinales (fatigue, mal-être, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, dermatoses, anémie, asthme, rhinites, sommeil perturbé…).

Les mécanismes physiologiques de la sensibilité au gluten ne sont pas encore aujourd’hui complètement connus. Les données expérimentales indiquent qu’une réponse immunitaire inappropriée associée à des altérations de la perméabilité intestinale semble impliquée.

Soyons clair : tous ces symptômes peuvent avoir des origines très variées.  Et leur présence ne signifie pas nécessairement que vous souffrez d’une sensibilité au gluten.

Le diagnostic ne peut se faire que par éviction pendant plusieurs semaines, voir plusieurs mois, puis réintroduction du gluten et observation de la disparition/réapparition ou non des symptômes.

 

Gluten et troubles neuropsychiatriques

Ces dernières années, plusieurs études ont exploré les relations entre l’ingestion de gluten et l’apparition de désordres neurologiques et psychiatriques, tels que

  • l’ataxie (trouble de la coordination fine des mouvements volontaires d’origine neurologique),
  • la schizophrénie,
  • l’autisme,
  • la dépression,
  • l’anxiété
  • ou les hallucinations.

Le sujet est aussi encore largement débattu dans la communauté scientifique.

Mais il semblerait que les patients souffrant de désordre du spectre autistique (terme officiel permettant de regrouper les différentes formes d’autisme) présentent des niveaux de perméabilité intestinale plus élevés que dans la population générale. Des études testant l’éviction du gluten sur des enfants autistiques pendant plusieurs mois montrent une amélioration significative du comportement de ces enfants.

De même, certaines études s’intéressant aux patients schizophrènes montrent la présence d’anticorps anti-gliadine. Et indiquent une amélioration du profil symptomatique avec l’éviction du gluten.

D’autres cas rapportés dans la littérature scientifique font également état de la disparition totale des symptômes aussi bien gastro-intestinaux que psychiatriques (et notamment hallucinations) avec l’éviction du gluten de l’alimentation.

 

Corrélation n’est pas raison

Certes, les mécanismes physiologiques qui sous-tendent ces sensibilités et ces manifestations symptomatiques ne sont pas encore élucidés. Néanmoins, de plus en plus d’études tentent aujourd’hui d’en décrypter les mécanismes.

Ainsi, la digestion incomplète du gluten associée à une hyper-perméabilité intestinale permettrait le passage de grosses molécules non digérées dans la circulation sanguine. Et finalement dans l’encéphale où elles viennent se fixer sur les récepteurs opioïdes du cerveau. Il en résulte des effets négatifs sur l’attention, le développement, les interactions sociales et l’apprentissage.

La science aujourd’hui nous montre une probable corrélation entre :

  • la présence de gluten dans notre alimentation,
  • une hyper-perméabilité intestinale de plus en plus chronique,
  • un système immunitaire perturbé
  • et des manifestations cliniques d’ordre gastro-intestinaux mais aussi largement extra-intestinaux.

Il ne s’agit donc pas nécessairement de supprimer systématiquement le gluten pour tous et pour toujours. Et comme ce serait difficile dans notre société agro-alimentaire actuelle ! Mais de conscientiser ce lien probable et de tester, pourquoi pas, une alimentation sans gluten quelques temps, en particulier lorsque des symptômes se font particulièrement pesants, voir handicapants. Ce sera l’occasion aussi de découvrir de nouvelles saveurs et d’élargir la palette des aliments sains dans une alimentation joyeuse et colorée !

 

Merci d’être arrivé au bout de cet article qui je l’espère vous aura intéressé. Si je n’ai pas répondu à toutes vos questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire. J’y répondrai directement ou j’en ferai un prochain article !

Et n’hésitez pas à partager bien sûr !

 

Références :

Catassi. 2015. Gluten sensitivity. Annals of Nutrition and Metabolism, 67, suppl. 2: 16-26.

Lebwohl et al. 2015. Celiac disease and non-celiac gluten sensitivity. BMJ, 5, 351:h4347.

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