Il n’est pas rare d’entendre aux détours d’une conversation que si untel est en surpoids, c’est bien parce qu’il n’a pas de volonté… Et que s’il le voulait, il pourrait perdre du poids facilement, simplement en surveillant son assiette, voir en allant courir un peu…
Certes, ce discours correspond effectivement aux connaissances (rudimentaires) d’il y a 40 ans des mécanismes de la prise et de la perte de poids. On a en effet encore tous en tête les notions de calories ingérées et de calories brûlées. Il suffirait finalement de diminuer la quantité de calories que l’on met dans son assiette et d’augmenter celle que l’on dépense… Bref, il suffirait de le vouloir !
Mais ces propos tenus aujourd’hui relèvent davantage de l’ignorance, voir du dénigrement.
Car cette notion de quantité de calories a vécu. Ainsi, rien n’est plus différent d’une calorie… qu’une calorie !
Bien sûr, si la quantité totale de calories consommées est largement excessive par rapport aux besoins du corps, on grossit. Mais dans les faits, nombreux et nombreuses sont ceux qui luttent tout les jours pour perdre du poids alors qu’ils consomment déjà peu d’aliments en quantité.
Les mécanismes qui président à la prise ou la perte de poids sont nombreux, complexes et souvent interdépendants. En voici quelques uns…
Le contenu de l’assiette
Certes, les choix alimentaires et ce que l’on décide de mettre dans son assiette représentent évidemment un axe non négligeable pour perdre du poids. Mais encore faut-il avoir un minimum de connaissances en nutrition. Car plus que de quantité, c’est de qualité qu’il faut se préoccuper…
La qualité des glucides pour perdre du poids
Le choix des glucides en particulier est primordial. Car cette classe d’aliments influe largement sur la sécrétion d’insuline par le pancréas. Or, l’insuline est l’hormone de stockage par excellence. C’est elle qui entraine la mise en réserve des calories consommées dans les cellules graisseuses. C’est donc à l’insuline que vous devez en grande partie votre culotte de cheval, vos fesses rebondies ou vos bras ballotant…
Continuer à conseiller des glucides à tous les repas, sans distinction, comme le préconise le Programme National Nutrition Santé est donc une aberration. Des lentilles ou du riz basmati complet ne sont pas équivalents à une purée de pomme de terre, un plat de coquillettes ou une baguette traditionnelle… Lorsque les premiers se comportent effectivement comme des « glucides lents » (qui font peu monter la glycémie après le repas), les seconds s’apparentent davantage à des sucreries !
Et celle des lipides
Souvent, on assimile les graisses alimentaires aux graisses corporelles. Autrement dit, on pense que les graisses consommées dans l’alimentation (beurre, huiles et autres margarines…) « tombent » directement sur les hanches. Mais ce n’est pas si simple… Et encore une fois, c’est bien de la qualité des matières grasses que l’on va se préoccuper.
En effet, certaines ont un effet anti-inflammatoire (et l’inflammation est une caractéristique importante des corps en surpoids et obèses). C’est le cas des fameux omégas 3. On pourra les trouver notamment dans les petits poissons et dans les huiles de colza, de lin ou de noix. Au contraire, d’autres graisses favorisent l’inflammation et indirectement la prise de poids. C’est le cas notamment des graisses provenant des animaux d’élevage intensif et des omégas 6 (huile de tournesol en particulier).
Même si actualiser ses connaissances en nutrition est un premier pas, nos choix alimentaires en sont-ils vraiment ? Sommes-nous réellement les seuls à décider de perdre du poids ? à décider de ce que nous mettons dans notre assiette ?
Le poids du stress et des émotions…
Si certains ne peuvent rien avaler lorsqu’ils sont stressés, d’autres trouvent dans les placards de la cuisine de quoi se réconforter. Or les aliments-refuge sont traditionnellement des aliments relativement caloriques, voire roboratifs. Ils sont souvent riches en sucre, car celui-ci vient stimuler dans le cerveau les mêmes circuits neuronaux que les opiacés, et notamment celui de la récompense. De la dopamine est libérée, on se sent mieux, rasséréné…
Mais ce bien-être ressenti n’est que provisoire. Et la culpabilité qui s’en suit vient tout remettre en question et favorise à nouveau un sentiment de mal-être. Le cercle vicieux est enclenché et se déroule à l’infini…
…et celui des bactéries de nos intestins !
Une mauvaise alimentation et le stress sont aussi des facteurs qui favorisent un déséquilibre du microbiote. Pour rappel, le microbiote, ce sont ces fameuses bactéries qui peuplent notre intestin et l’ensemble de nos muqueuses.
Or, ce déséquilibre se manifeste par une variation de l’importance des espèces les unes par rapport aux autres. Cette dysbiose favorise ainsi les « mauvaises » bactéries au détriment des « bonnes ». Les études récentes, de plus en plus nombreuses, montrent que ces bactéries sont capables d’augmenter le stockage des calories ingérées sous forme de tissu graisseux. Pour ce faire, elles augmentent le rendement énergétique des aliments consommés. Autrement dit, les « mauvaises » bactéries augmentent le pourcentage des calories effectivement stockées par rapport aux calories ingérées.
Autre découverte majeure de ces dernières années, c’est la capacité de notre microbiote intestinal à communiquer avec notre cerveau. Et cette discussion à double sens microbiote/cerveau finit par influer nos choix… en particulier alimentaires !
Nous sommes donc bien loin de contrôler ces « pulsions » et ces envies qui ne relèvent donc pas, à l’évidence, de notre seule volonté !
Et bien d’autres facteurs encore : génétique, hormonal…
De nombreux autres facteurs, en plus de ces considérations, interviennent également lorsque l’on souhaite perdre du poids.
Nous pouvons ainsi évoquer les prédispositions génétiques inégales, quant au métabolisme de base, à la sensibilité à l’insuline et à bien d’autres facteurs. On sait bien sûr que les conditions environnementales prédominent davantage (typiquement ici, le stress et le contenu de l’assiette). L’épigénétique a en effet montré que c’est l’environnement qui, in fine, va activer ou non tel ou tel gène. Cependant, cette influence n’a de conséquences que parce qu’elle s’exerce sur une variabilité génétique bien présente au départ…
N’oublions pas également le jeu des hormones telles la leptine, la ghréline ou les hormones thyroïdiennes. Ces molécules messagères jouent en effet sur la sensation de satiété et/ou le métabolisme de base. Elles modifient donc indirectement la quantité et le devenir des calories ingérées…
Alors non, perdre du poids n’est pas (qu’) une question de volonté, loin s’en faut. A moins qu’il s’agisse de la volonté de nos bactéries intestinales… mais ça, c’est une autre histoire !
Merci d’être arrivé au bout de cet article qui je l’espère vous aura intéressé. Si je n’ai pas répondu à toutes vos questions quant à cette fameuse volonté de maigrir, n’hésitez pas à les poser en commentaire. J’y répondrai directement ou j’en ferai un prochain article !
Et n’hésitez pas à partager bien sûr !