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Troubles et pathologies

Inflammation chronique : qu’est-ce que c’est et comment s’en protéger ?

L’inflammation chronique est aujourd’hui clairement l’un des facteurs à l’origine des pathologies de civilisation.

Le nombre d’études scientifiques portant sur l’inflammation chronique a littéralement explosé depuis quelques années. Il s’agit en effet d’une thématique de recherches prometteuses pour nombre de maladies telles que l’obésité et le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes, les pathologies neurodégénératives…

Mais reprenons l’histoire au début !

Voyons :

  • Qu’est-ce que l’inflammation, et surtout l’inflammation chronique ?
  • Comment l’inflammation chronique peut-elle être à l’origine des maladies de civilisation ?
  • Comment se protéger de l’inflammation chronique ?

 

Qu’est-ce que l’inflammation chronique ?

Une histoire de poisson…

Dès 2005, dans un article publié dans Archives of Internal medicine, de nouvelles données remettent en cause le dogme du rôle du cholestérol dans les maladies cardiaques. Cette revue systématique de 97 études cliniques différentes compare la réduction du taux de décès par maladie cardiaque de différentes interventions pour traiter l’hypercholestérolémie.

Ces données ne concernent pas moins de 137 000 patients (comparés à 139 000 témoins). Elles comparent 6 types d’intervention :

  • l’usage d’hypocholestérolémiants (fibrates),
  • de résines liant le cholestérol,
  • de la niacine à forte dose,
  • des huiles de poisson
  • et des correctifs alimentaires (baisse de la consommation de cholestérol alimentaire).

 

Les analyses montrent que les meilleurs résultats sont obtenus avec les huiles de poisson. Elles réduisent en effet de 23% le nombre total de décès (alors que les fibrates ne réduisent les risques que de 13%).

Mieux encore ! Les huiles de poisson apportent la meilleure protection tout en ayant l’effet le moins fort pour réduire les niveaux de cholestérol sanguin !

Ces résultats réfutent fortement la vision classique de la maladie cardiaque basée sur le modèle contemporain du cholestérol. Vous savez, la fameuse plaque de cholestérol qui « boucherait » les artères ! Car ce modèle rate complètement sa cible. En effet, comment expliquer que 70% des crises cardiaques surviennent chez des gens qui ne présentaient pas ou peu de blocages artériels (voir à ce sujet les écrits du Dr Michel de Lorgeril).

Les auteurs de l’étude suggèrent que l’effet protecteur des huiles de poisson s’opère par un mécanisme alternatif non relié aux niveaux de cholestérol.

 

Puis d’inflammation !

Ce mécanisme repose sur l’hypothèse avancée il y a 150 ans (!) par le pathologiste renommé du 19ème siècle Rudolph Virchow. R. Virchow a proposé que l’inflammation pourrait être l’étincelle à l’origine de l’attaque cardiaque. Depuis les recherches menées dans les années 1980, la maladie cardiovasculaire, la cause majeure de décès évitables à notre époque, est reconnue comme un authentique trouble inflammatoire.

R. Virchow avait raison.  Les marqueurs cliniques associés à l’inflammation sont en effet forts prédictifs de crises cardiaques, bien plus que la mesure du cholestérol. Plusieurs études récentes suggèrent même que le cholestérol ne présente en fait aucun danger à moins qu’il n’ait d’abord été endommagé lui-même par le processus d’oxydation.

 

Inflammation chronique, comment ça marche ?

Voici une petite présentation des mécanismes sous-jacents, en différenciant inflammation aiguë, la plus connue, et l’inflammation chronique, systémique et le plus souvent ignorée.

 

De l’inflammation aiguë…

De par sa définition dans les manuels, l’inflammation constitue une des défenses habituelles de l’organisme contre les pathogènes. Elle regroupe un ensemble de moyens établis depuis longtemps par l’organisme pour se défendre contre un danger évident et immédiat :

  • augmentation de la température du corps,
  • flot de radicaux libres toxiques et de protéines messagères de l’inflammation (les cytokines),
  • libération de cellules macrophages tueuses.

Cette réaction de défense est non spécifique et déclenchée en réponse à une lésion tissulaire. Elle donne lieu à 4 signes caractéristiques et bien connus : la rougeur, la chaleur, la tuméfaction et la douleur (et éventuellement une perte fonctionnelle dans la région touchée). Ces signes servent d’ailleurs au diagnostic.

 

… à l’inflammation chronique

Avec l’âge notamment, notre habilité à réguler l’inflammation s’amoindrit. Alors, plutôt que de nous protéger, l’inflammation devient silencieuse et systémique, se transformant en un processus par lequel les maladies dégénératives prennent racine.

Les symptômes de l’inflammation chronique et silencieuse sont entièrement différents des signes caractéristiques de l’inflammation aiguë cités ci-dessus. C’est pourquoi ils peuvent rester inaperçus jusqu’à ce que la catastrophe frappe.

L’inflammation silencieuse met le corps en mode actif, son système immunitaire attaquant ses propres organes. Avec le temps, de dangereuses cytokines pro-inflammatoires commencent à détruire des tissus dans l’ensemble du corps.

Je vous rappelle que les cytokines sont simplement des protéines messagères. Les cytokines pro-inflammatoires les plus connues et étudiées sont la CRP (C-reactiv protein) et l’interleukine-6, ainsi que les éicosanoïdes pro-inflammatoires (des acides gras essentiels oxygénés) telles la prostaglandine E-2 (PGE-2) et la leucotriène B-4.

En réponse à cette attaque systémique de l’intérieur, le corps produit encore plus de cytokines inflammatoires et de radicaux libres dommageables, en un cercle vicieux. Cette inflammation chronique, on l’appelle également inflammation de bas-grade. Et elle touche tout l’organisme.

 

L’inflammation chronique : une histoire de signaux et d’hormones…

De l’insuline…

Quand les cytokines pro et anti-inflammatoires sont en équilibre, l’état de bien-être prévaut. Par contre, les problèmes surviennent lorsqu’elles sont déséquilibrées de manière chronique. Et fait intéressant, cet équilibre dépend fortement des niveaux d’insuline dans le corps, à son tour une conséquence de votre tour de taille. Pour en savoir plus sur l’insuline, ou pour un rappel, je l’aborde déjà dans l’article traitant de la maladie d’Alzheimer comme un 3ème diabète.

Une concentration élevée d’insuline dans le sang, qu’elle soit amenée par

  • une surconsommation chronique de sucre,
  • l’amorce d’une résistance à l’insuline
  • ou l’effet hormonal d’un excès de gras,

prépare le terrain à l’inflammation chronique.

Quand l’insuline monte, le stress augmente de façon marquée. Et la conversion de certains acides gras en acide gras pro-inflammatoire (comme l’acide arachidonique, l’acide gras que l’on retrouve dans les produits animaux…) est accentuée. Il en résulte la formation de PG-E2 et de leucotriène B-4 pro-inflammatoires (éicosanoïdes, acides gras oxygénés). L’insuline augmente aussi la production d’interleukine-6, une autre cytokine pro-inflammatoire qui augmente les taux sanguins de CRP. Bref, toute la cascade inflammatoire est activée…

… aux acides gras et au cortisol !

L’alimentation occidentale, en plus d’être trop riche en sucres raffinés, est truffée de gras oméga-6 promoteurs de l’inflammation, mais pauvre en oméga-3 réducteurs de l’inflammation. La conséquence est bien sûr l’augmentation de l’inflammation chronique. A mesure qu’augmente l’inflammation, augmente également le cortisol, hormone antistress qui tente d’atténuer la marée montante. Produit par les glandes surrénales, le cortisol est étroitement lié à la réponse du corps au stress.

Mais il y a un problème ! Pour réussir à amortir l’inflammation chronique, le cortisol :

  • augmente la tension artérielle,
  • accroit le sucre sanguin
  • et inhibe le système immunitaire.

Avec l’inflammation chronique vient l’élévation chronique du cortisol. A son tour, celle-ci entraine un lourd fardeau physiologique pour tous les organes et accroit considérablement les risques de maladies dégénératives.

Ainsi, des taux élevés d’insuline et la consommation d’aliments à indice glycémique élevé déficients en gras oméga-3 stimulent les dommages collatéraux causés par l’inflammation chronique. Ce qui constitue ici encore des preuves tangibles de l’implication directe de l’alimentation et de l’obésité dans le processus.

Tel un feu qui couve et se consume lui-même, l’inflammation silencieuse endommage les artères, détruit les cellules et organes nerveux, compromet le système immunitaire et entretient le développement de cancers.

C’est ainsi que l’inflammation chronique fait le lit de nombreuses pathologies…

 

L’inflammation chronique, à l’origine de nombreuses pathologies

Les maladies cardiovasculaires ne sont pas les seules à être l’incarnation courante de l’inflammation chronique. Bien des chercheurs croient maintenant que l’inflammation chronique est la base du vieillissement accéléré et du développement de maladies dégénératives. Elle est également une cause sous-jacente de l’excès de gras corporel et de l’incapacité de perdre du poids, et pourrait même être à la base de l’épidémie actuelle d’obésité.

Elle est aussi associée au développement du diabète, d’Alzheimer, des maladies d’Huntington et de Parkinson, de la sclérose latérale amyotrophique et de la sclérose en plaques.

 

Selon le lieu privilégié de l’inflammation dans l’organisme et/ou de notre sensibilité individuelle (nous ne sommes pas tous égaux à cet égard !), les conséquences ne sont pas les mêmes.

 

Dans la maladie d’Alzheimer

Ainsi, dans une étude s’étendant sur 25 ans et évaluant les risques de démence, les hommes ayant des taux élevés de CRP ont jusqu’à 3x plus de risques de contracter la maladie d’Alzheimer ou une démence vasculaire que les hommes ayant des taux faibles. Et les processus inflammatoires silencieux, mais mortels, étaient évidents bien avant l’apparition des signes cliniques.

Dans la maladie d’Alzheimer, l’inflammation des tissus du cerveau accroit la production de la protéine bêta-amyloïde soluble et de sa conversion en fibrilles amyloïdes insolubles qui détériorent les fonctions cérébrales.

 

Dans le diabète, l’ostéoporose, les cancers…

Chez les diabétiques de type 2, des dépôts de protéines amyloïdes similaires peuvent aussi se former dans le pancréas. Ce qui a pour conséquence de bloquer l’action des cellules responsables de la sécrétion d’insuline. L’inflammation du tube digestif peut avoir des conséquences importantes, incluant l’incapacité d’absorber des nutriments essentiels et le développement de l’ostéoporose. Ainsi, les patients ayant la maladie inflammatoire chronique de l’intestin ont un risque anormalement élevé d’ostéoporose…

L’inflammation favorise aussi plusieurs types de cancer. Par exemple, les patients avec les taux les plus élevés de CRP et d’interleukine-6 sont beaucoup plus à risque de cancer colorectal ou œsophagien que ceux ayant des niveaux plus bas.

Finalement, les études démontrent que l’inflammation chronique et systémique est impliquée dans 

  • l’allergie,
  • la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson,
  • la spondylarthrite ankylosante,
  • l’arthrite,
  • le cancer,
  • l’insuffisance cardiaque, l’hypertension, la crise cardiaque, l’AVC
  • le diabète, le syndrome métabolique
  • la fibromyalgie,
  • l’intestin irritable,
  • la maladie rénale,
  • le lupus, le psoriasis,
  • l’ostéoporose

L’inflammation, un mécanisme issu de notre évolution, est donc un sauveur (elle fait partie de notre arsenal immunitaire) et un bourreau. En comprendre le mécanisme est la 1ère étape pour mieux la réguler… A nous ensuite de nous en protéger pour assurer notre longévité !

Et au lieu de suivre des traitements radicaux pour les maladies dégénératives que vous pourrez avoir dans votre vie, incluant les maladies cardiaques et d’Alzheimer, le cancer et le diabète, des mesures préventives contre l’inflammation prises aujourd’hui peuvent vous éviter tous ces maux de demain.

 

Comment se protéger de l’inflammation chronique ?

La solution est entre vos mains (ou plutôt dans votre fourchette)

Alors certes, cette inflammation larvée, mais présente, fait le lit de nombreuses pathologies, y compris celles pour lesquelles on s’y attend le moins, comme la dépression. Certes, cette inflammation peut faire peur. Mais connaitre ses méfaits nous rend extraordinairement libres !  Libres de faire des choix en conscience, aujourd’hui, pour notre santé de demain.

Qu’on la nomme inflammation de bas grade, inflammation chronique, systémique ou silencieuse, le résultat est le même : une dégradation de la santé et l’apparition, à moyen et long termes, de pathologies dites de civilisation. Pourtant, se prémunir de ces pathologies est à portée de main (et de fourchettes souvent !).

On peut donc modifier l’équilibre des cytokines en changeant volontairement son alimentation. Tout ce qui est nécessaire est de comprendre ce que nous mettons dans notre corps et ce que nous faisons avec notre corps. Cela va amplement déterminer notre longévité et notre qualité de vie.

Les conseils sont donc récurrents, mais il s’agit avant tout de privilégier :

  • les glucides ayant un indice glycémique faible à modéré (tous les légumes en priorité, les fruits, les légumineuses et certaines céréales complètes),
  • les « bons » gras (on évitera donc les aliments riches en oméga-6 telle l’huile de tournesol, que l’on remplacera par des huiles de colza, de lin ou de cameline, à garder au frais et à ne pas faire chauffer. Pour la cuisson, l’huile d’olive convient parfaitement).
  • les œufs bio,
  • les petits poissons gras (sardines, maquereaux, anchois) qui viendront remplacer le plus souvent possible les viandes et autres charcuteries,
  • et enfin les oléagineux (amandes, noisettes, noix…), une excellente source de gras sains et d’encas de qualité en lieu et place des sempiternels biscuits…

De nouvelles habitudes à mettre en place donc, et à associer à un travail sur le respect des sensations de faim et de satiété…

 

C’est donc une question de choix… notre choix !

Le fait que ce type d’inflammation augmente avec l’âge et fait suite à de mauvais choix alimentaires et de style de vie, signifie que la plupart des occidentaux souffrent sans le savoir de cette affliction silencieuse, mais mortelle.

Mais les choses ne doivent pas nécessairement rester ainsi. Les solutions à ce dilemme sont à portée de main.

Dit simplement, nous devons cesser de creuser notre tombe avec nos couteau et fourchette.

Cela dépend de nos choix.

Évitez aujourd’hui ce qui attise l’inflammation va réduire demain les risques de décéder du cancer et de maladies cardiovasculaires :

  • optez pour le saumon braisé plutôt que le burger sur barbecue,
  • prenez des collations de fruits et d’amandes plutôt que de gober des frites ou des chips,
  • sortez faire une courte marche plutôt que de zapper sur votre canapé,
  • utilisez de l’huile d’olive et des gras sains plutôt que des gras trans ou de mauvais gras,
  • et prenez des suppléments nutritionnels de qualité plutôt que votre demi pack de bières…

 

Car l’immobilisme coûte cher

Chaque année, les impacts de l’inflammation chronique et silencieuse s’inscrivent lourdement dans les statistiques des décès par cancer, maladies cardiaques, AVC, diabète et maladie d’Alzheimer. Avec les années, notre tour de taille continue de grossir et les gens de perdre leur forme.

Chaque année, nous voyons un système médical sollicité au-delà de la rupture, tentant d’endiguer une marée montante de maladies dégénératives apparemment sans fin. Chaque année, nous voyons des millions gaspillés par le même système médical essayant de traiter les symptômes plutôt que de cibler les causes.

Chaque année qui passe, nous sommes témoins d’amis et d’êtres chers succombant à un cancer ou à un trouble cardiaque resté caché, mais frappant soudainement, silencieusement et froidement.

Chaque année nous nous croisons les doigts et prions pour ne pas être le prochain. Pourtant, il ne s’agit pas de prier… mais d’agir. Alors commencez aujourd’hui, il n’est jamais trop tard pour bien faire !

Ce n’est pas une fatalité.

 

Merci d’être arrivé au bout de cet article qui je l’espère vous aura intéressé. Si je n’ai pas répondu à toutes vos questions sur l’inflammation chronique, n’hésitez pas à les poser en commentaire. J’y répondrai directement ou j’en ferai un prochain article !

Et n’hésitez pas à partager bien sûr !

 

Sources :

  • Mac William L. 2008. Nutrisearch.
  • Studer M., et al. 2005. Effect of different antilipidemic agents and diets on mortality: a systematic review. 165(7):725-30.
  • Tortora & Derrickson. 2007. Principes d’anatomie et de physiologie. 4ème édition. de Boeck éditions

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