L’acné (vulgaire de son petit nom) est une pathologie inflammatoire chronique de la peau qui touche – ou a touché ! – nombre d’entre nous. Car si ce trouble dermatologique est bien connu pendant l’adolescence (plus de 85% des adolescents des pays occidentaux en souffrent à divers degrés), il concerne également de nombreux adultes. 43% des trentenaires montrent ainsi des signes d’acné.
L’acné peut sembler bénigne, et effectivement, elle l’est… sur le plan physique. Jamais personne n’en est mort ! Cependant, l’acné crée des cicatrices et réduit la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Ainsi, 20% des adolescents ayant de l’acné en souffrent dans leur vie personnelle et sociale. Or, c’est à l’adolescence que se construisent en partie l’image de soi et la confiance en soi. L’impact émotionnel n’est donc pas négligeable et peut être fort, sans forcément être corrélé à la sévérité des lésions.
Pour agir efficacement sur ces petits boutons qui peuvent « gâcher la vie », il est important d’en comprendre les mécanismes sous-jacents, même si ceux-ci sont en réalité loin d’être totalement élucidés…
L’acné, qu’est-ce que c’est ?
L’acné est une combinaison de 4 facteurs :
- La libération de médiateurs de l’inflammation,
- La colonisation du follicule par Propionibacterium acnes,
- La production accrue de sébum,
- et la prolifération des kératinocytes, les principales cellules de l’épiderme, dans le follicule pileux.
Les données récentes montrent que ces facteurs sont largement interconnectés. Essayons d’y voire un peu plus clair…
Des origines multifactorielles
En effet, de nombreuses études scientifiques se sont penchées sur les mécanismes qui sous-tendent le développement de ces petits boutons. Récemment, les chercheurs de différentes disciplines telles que la dermatologie, l’immunologie, la microbiologie et l’endocrinologie (étude du système hormonal et de ses problématiques) ont proposé de nouveaux concepts pour expliquer la physiopathologie de l’acné.
Une inflammation…
L’inflammation est aujourd’hui considérée comme le facteur clé dans l’apparition de l’acné.
Ainsi, de nombreuses cytokines pro-inflammatoires (interleukine -1, NF- κβ, TNF- α, etc.), des petites hormones protéiques qui servent de signaux dans l’organisme, joueraient un rôle important dans le développement de l’acné. Ce sont elles qui provoqueraient notamment la prolifération des kératinocytes et la sécrétion accrue de sébum.
A ces cytokines se joignent également les signaux de l’hormone de croissance, de l’insuline et des facteurs de croissance (type IGF-1), qui participeraient également à l’activation de la production de sébum et à la prolifération des kératinocytes. Ces hormones sont d’ailleurs particulièrement importantes pendant la puberté et jouent un rôle central sur le métabolisme des androgènes (testostérone en particulier). Ce ne sont donc pas les androgènes seuls, comme on le croyait jusqu’à présent, qui sont responsables de la flambée de l’acné à l’adolescence, mais bien également l’augmentation des taux sanguins d’insuline, de l’hormone de croissance et des facteurs de croissance.
… en réponse à une colonisation
L’inflammation serait elle-même une réponse des cellules immunitaires face à la colonisation des follicules pileux par P. acnes, une bactérie normalement présente dans la flore cutanée. Des études génétiques portant sur cette bactérie laissent penser qu’il en existerait des groupes distincts présentant des capacités différentes à déclencher une réponse immunitaire.
Et d’autres facteurs, nombreux, sont impliqués !
Il a également été observé une modification du métabolisme lipidique dans les glandes sébacées concernées par l’acné, modification qui aurait pour conséquence une sécrétion du sébum et une kératinisation accrues.
De nombreux autres facteurs, y compris des prédispositions génétiques, le stress oxydatif et des facteurs environnementaux, ont été identifiés.
Quid de l’alimentation ?
Pendant longtemps, l’association entre l’alimentation et l’acné a été rejeté. Aussi nombre de dermatologues ne conseillent pas de changements alimentaires spécifiques dans le traitement de l’acné.
Pourtant, les études montrent aujourd’hui qu’un régime alimentaire riche en aliments hyperglycémiants (autrement dit en produits sucrés et céréaliers) et vraisemblablement aussi un régime riche en produits laitiers, favorisent le développement et l’importance de l’acné. La libération accrue d’insuline dans ces régimes favoriserait entre autre la cascade inflammatoire impliquée dans la physiopathologie de l’acné.
Ceci expliquerait également pourquoi l’acné semble « réservée » aux seuls adolescents des pays occidentaux et soit totalement absente dans les pays où les régimes alimentaires sont bien plus proches d’une alimentation de type paléolithique (pauvre en aliment à indice glycémique élevé et absence de produits laitiers).
Par ailleurs, le tabac qui favorise l’hyper-insulinémie et les dyslipidémies, favoriserait également la prolifération des boutons d’acné. De même, la pollution atmosphérique semble exacerber les symptômes acnéiques.
Alors, en pratique, comment on lutte contre l’acné ?
Les traitements allopathiques classiques
Cette multitude de facteurs a permis l’émergence d’une armada de médicaments pour le traitement de l’acné. Ils visent en effet l’un et/ou l’autre de ces origines et sont donc globalement efficaces. Mais qu’il s’agisse de rétinoïdes, de peroxyde benzoyle, d’acide azélaïque, d’antibiotiques ou d’anti-androgènes oraux, tous peuvent aussi provoquer des effets secondaires non désirés, à commencer par le développement de résistances bactériennes aux antibiotiques.
Existe-t-il donc des méthodes plus naturelles, sans effets secondaires négatifs, et efficaces pour lutter contre l’acné ?
D’autres solutions plus naturelles ?
L’alimentation, la clé de l’acné
L’intervention naturelle la plus efficace, et qui a l’avantage d’avoir de nombreux autres effets bénéfiques pour la santé, reste la modification des habitudes alimentaires.
Les études, de plus en plus nombreuses, montrent bien l’intérêt d’une alimentation à charge glycémique faible. Autrement dit, on privilégiera tous les aliments qui augmentent peu la glycémie tels que les légumes, la plupart des fruits, les oléagineux et les protéines (ne provenant pas des produits laitiers). A l’inverse, on évitera au maximum les aliments sucrés, les céréales raffinées (pain blanc, pâtes et riz blanc, viennoiseries…) et tous les aliments occasionnant des pics insuliniques élevés après ingestion.
D’autres pistes prometteuses…
D’autres études, plus rares et ne portant souvent que sur un nombre limité de sujets, suggèrent cependant quelques pistes :
- les polyphénols du thé vert, par leurs actions antimicrobiennes, anti-inflammatoires et antioxydantes semblent réduire la production de sébum sur la peau,
- la consommation importante d’omégas 3, des acides gras aux propriétés anti-inflammatoires que l’on trouve dans les petits poissons gras, les oléagineux et certaines huiles (lin, cameline, colza notamment) semble diminuer la sévérité de l’acné,
- d’autres facteurs, tels que des carences en vitamine D et en zinc, semblent également favoriser le développement de l’acné,
- le microbiote intestinal et les probiotiques seraient liés à la peau et particulièrement à l’acné sévère, par leur capacité à influencer l’inflammation chronique, le stress oxydant, la glycémie… et l’humeur. Soigner son intestin, c’est donc, là aussi, soigner sa peau !
J’espère que cet article vous a plu ! Si je n’ai pas répondu à toutes vos questions, n’hésitez pas à les poser en commentaire. J’y répondrai directement ou j’en ferai un prochain article !
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Sources
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