Si vous avez officiellement un diabète de type 2 depuis récemment, il est possible que vous ayez vécu des épisodes de déni ou de colère ces derniers temps, un peu à l’image des différentes phases de deuil…
Car, oui, découvrir son diabète, c’est faire le deuil d’une longue vie dynamique et en santé. C’est en tout cas l’image que nous renvoient souvent les médias grand public, voir le corps médical.
D’ailleurs, votre médecin ou votre endocrinologue vous a sans doute affirmé que le diabète de type 2 ne se guérit pas. Qu’il s’agit d’une maladie chronique, évolutive et incurable. Que vous n’avez pas le choix, et qu’il vous faut apprendre à vivre avec.
Mais c’est faux. Et la recherche le prouve…
Inverser son diabète de type 2 : des recherches très récentes
Je ne jetterai pas la pierre à ces médecins. Car lorsque l’on recherche les études dont le protocole a pour objectif premier la rémission du diabète de type 2 (DT2) par l’hygiène de vie, via des essais cliniques de qualité, on n’en trouve pas avant 2018 !
Les milliers d’études portant sur le DT2 se concentrent sur les traitements pharmacologiques visant à réduire la glycémie et l’hémoglobine glyquée. Le régime alimentaire et le mode de vie sont mentionnés dans le cadre des efforts visant à contrôler les niveaux de glycémie, mais la rémission du diabète par l’hygiène de vie est rarement discutée.
On comprend donc mieux pourquoi les recommandations actuelles en matière de traitement du DT2 sont fortement axées sur plusieurs traitements médicamenteux visant à réduire la glycémie et les risques associés de maladies cardiovasculaires.
Mais par ces seules approches, l’espérance de vie, particulièrement en bonne santé, reste considérablement réduite.
Les approches actuelles ne peuvent donc être satisfaisantes !
Pourtant, le diabète de type 2 est réversible.
Démonstration…
La rémission du DT2 par la chirurgie bariatrique
La prise de poids est un facteur causal dominant du diabète de type 2 chez les individus prédisposés.
Dans les cas d’obésité très importants, il est parfois proposé la chirurgie bariatrique. Cette chirurgie consiste en la réduction de la capacité de l’estomac et/ou de l’absorption intestinale. Le fameux anneau gastrique en est un exemple, mais il existe d’autres techniques tout aussi efficaces et répandues.
Dans 75% des cas, une telle intervention aboutit à une rémission du diabète. Ce qui montre déjà que le diabète en soi est réversible…
Cependant, il est évident que la chirurgie ne peut constituer une solution satisfaisante et universelle pour tout diabétique. Comme pour toute opération chirurgicale, les risques de complication sont réels. Et il faut savoir que des risques de santé à long terme sont fréquents : hypoglycémie postprandiale, carences en micronutriments nécessitant une complémentation à vie…
La chirurgie bariatrique a dominé les discussions sur la rémission du DT2 ces 25 dernières années. Les nombreuses études ont montré que ce sont finalement la perte de poids importante (parfois jusqu’à 40% du poids initial !) et la diminution de la masse adipeuse qui permettent cette rémission, plutôt que tout effet chirurgical direct.
La bonne nouvelle, c’est que d’autres études plus récentes montrent que les très importantes pertes de poids visées par la chirurgie bariatrique ne sont pas essentielles pour obtenir une rémission du diabète de type 2… Et qu’il existe bien une autre approche pour inverser un DT2 : le changement d’hygiène de vie.
La rémission du diabète de type 2 par le changement alimentaire
La restriction calorique
Une étude anglaise…
La 1ère étude évoquant une intervention basée sur le régime alimentaire et le mode de vie, avec comme critère principal la rémission du DT2, a été menée par l’équipe du Professeur Ray Taylor, de l’Université de Newcastle, au Royaume-Uni, et publiée en 2018.
Les chercheurs ont recruté 280 participants, âgés de 20 à 65 ans. Tous étaient obèses (IMC > 27) au début de l’étude, et diabétiques de type 2 depuis moins de 6 ans. Aucun ne prenait un traitement insulinique. L’objectif étant la rémission du DT2, les chercheurs avaient estimé, en amont de l’étude, que les participants devaient perdre au moins 15 kg pour ce faire.
Le protocole incluait une période de restriction calorique intensive de 3 mois (600 à 700 kcal/jour, à l’aide de substituts de repas) suivie d’une période plus longue d’optimisation et de maintien de la perte de poids (phase de stabilisation). Les 1ers résultats ont été publiés après un suivi de 12 mois des participants.
Les résultats de l’étude montrent que :
- 25% des personnes atteintes de DT2 à qui fut proposée la participation à l’étude acceptèrent de suivre le programme de gestion du poids
- 46% des personnes qui ont suivi le protocole ont obtenu une rémission du DT2 au bout des 12 mois, sans médicaments.
- La perte moyenne de poids était de 10 kg.
- La rémission était étroitement corrélée au degré de perte de poids maintenu au bout des 12 mois : 86% des participants avec une perte de poids d’au moins 15 kg et 73% de ceux ayant une perte de poids de 10 kg ou plus étaient en rémission.
- La qualité de vie s’est améliorée de manière significative à 12 mois.
- La nécessité de prendre des médicaments antidiabétiques a été considérablement réduite.
Les chercheurs ont pu ainsi conclure que le DT2 diagnostiqué depuis moins de 6 ans n’est pas nécessairement une maladie incurable, qui dure toute la vie.
Une perte de poids suffisante, mais pas nécessairement très importante (comparée aux pertes de poids observées après des chirurgies bariatriques notamment) pour obtenir une rémission peut être atteinte chez de nombreuses personnes grâce à un programme de gestion du poids structuré.
Et des enseignements prometteurs !
Que pouvons-nous conclure de cette étude ?
- Le DT2 est une maladie curable, d’autant plus « facilement » que le diagnostic est récent.
- La rémission passe nécessairement par une perte de poids suffisante, mais atteignable, dès lors qu’il y a surpoids ou obésité.
- La perte de poids doit être maintenue dans le temps pour que la rémission soit effective.
La stratégie utilisée dans cette étude démarre par une restriction calorique importante, permise par l’utilisation de substituts de repas.
Mais d’autres études montrent qu’il n’est pas nécessaire d’en passer par là. Il est possible d’inverser la maladie et de diminuer ses taux d’hémoglobine glyquée avec un programme d’hygiène de vie adapté.
Le jeûne intermittent
Le jeûne intermittent implique une restriction calorique un ou plusieurs jours par semaine, ou chaque jour, en prolongeant le jeûne nocturne.
Typiquement, 2 grands modèles prédominent :
- jeûner totalement 2 jours non consécutifs par semaine
- ou ne manger quotidiennement que pendant une fenêtre de 8h, les 16 autres heures étant jeûnées. En pratique, il s’agit de « sauter » le petit déjeuner ou le diner, tous les jours.
Les boissons non sucrées sont bien sûr autorisées pendant les périodes de jeûne.
Globalement, les résultats d’essais cliniques ont montré que les restrictions caloriques et le jeûne intermittent chez les patients obèses (y compris ceux atteints de DT2) peuvent entraîner une réduction de la masse grasse corporelle, en particulier abdominale, celle-là même qui est la plus dommageable dans le cas du DT2. De même, on observe des améliorations des paramètres métaboliques (hémoglobine glyquée, résistance à l’insuline).
Le jeûne intermittent réduit également les risques de maladies cardiovasculaires. En effet, il améliore le profil lipidique sanguin, principalement en agissant sur le métabolisme du cholestérol (augmentation du cholestérol HLD et diminution du cholestérol LDL).
Cette approche, de plus en plus répandue et « à la mode », a donc déjà fait ses preuves, même si de nombreuses études sont encore en cours.
De plus, le jeûne intermittent semble plus facile à suivre par certains diabétiques qu’un « régime » restrictif et hypocalorique plus classique. En effet, certaines personnes préfèrent ne pas manger du tout certains moments et « normalement » le reste du temps, plutôt que de se restreindre en permanence (en terme de calories notamment).
Évidemment, tous les effets positifs d’un tel jeûne sur l’équilibre métabolique sont réduits à néant si le 1er repas suivant le jeûne est prétexte à orgie alimentaire !
Le jeûne est donc une pratique prometteuse pour l’inversion du DT2, mais ne convient pas nécessairement à tout le monde.
Si cette approche vous tente, il faudra vous rapprocher d’un médecin formé au jeûne, capable de vous guider dans la modulation de votre traitement, en particulier si vous prenez de l’insuline…
Le régime paléolithique
Plusieurs études se sont également intéressées à l’alimentation paléolithique. Ce régime alimentaire favorise la consommation essentiellement de légumes, de fruits, d’oléagineux (noix, amandes, noisettes, noix de cajou…), d’œufs, de poisson et de viandes maigres. Il exclut totalement le sucre raffiné, le sel, les légumineuses (lentilles, pois, haricots…), les produits laitiers et les céréales.
Les résultats concernant le DT2 sont également prometteurs.
L’adoption de cette alimentation mène la plupart du temps à une perte de poids significative et à une amélioration de tous les paramètres métaboliques du DT2 : amélioration de la sensibilité à l’insuline, du contrôle de la glycémie et du métabolisme des hormones de la faim et de la satiété (en particulier la leptine).
De plus, ces résultats sont obtenus assez rapidement, dès 3 mois de changements alimentaires !
Le régime cétogène
Le régime paléolithique peut même être poussé plus loin, avec l’éviction quasi-totale des glucides : on parle alors de régime cétogène.
Plusieurs niveaux de restriction glucidiques sont possibles, mais il s’agit dans la plupart des cas d’une consommation très faible. Seuls les légumes et les fruits les moins glucidiques (poireaux, concombres, courgettes, baies rouges…) sont acceptés, et en quantité mesurée. En revanche, les produits laitiers, et en particulier la crème fraiche, sont très présents.
Globalement, il s’agit donc d’un régime alimentaire très pauvre en glucides, très riches en graisses et avec un apport moyen en protéines.
Ce régime, au départ utilisé pour les patients épileptiques qui ne répondent pas aux médicaments, fait de plus en plus d’adeptes dans le monde. Et les études qui s’y intéressent montrent qu’il est tout à fait possible de suivre un tel régime à long terme à condition d’être bien informés et accompagnés.
Il nécessite également l’utilisation d’une complémentation en vitamines et minéraux.
Sur le diabète de type 2, la mise en place de ce régime a fait ses preuves et a permis l’arrêt des médicaments antidiabétiques chez de nombreux malades, avec une baisse du poids, du taux d’hémoglobine glyquée et de la glycémie.
Le régime cétogène protège également des complications du DT2, avec notamment une amélioration du profil lipidique et une inversion des néphropathies (pathologies rénales).
Le régime cétogène est certes très contraignant à suivre tous les jours, mais il montre qu’il est tout à fait possible de vivre sans consommer de glucides !
Le corps est en effet capable de transformer les acides gras (issus des graisses) et certains acides aminés (issus des protéines) pour les convertir en glucose.
On est ici très loin des glucides à tous les repas tels qu’ils sont encore souvent préconisés par les autorités de santé.
Attention cependant, en particulier pour les diabétiques sous insuline, la mise en place d’un tel régime peut entrainer des hypoglycémies. Il faudra donc au préalable consulter un médecin capable de vous guider dans l’ajustement de votre traitement (pour les autres traitements hypoglycémiants également).
Les approches paléolithique et cétogène ne sont pas les seuls modèles alimentaires intéressants…
Le régime méditerranéen
Des études portant spécifiquement sur le régime méditerranéen ont montré que les personnes souffrant d’un syndrome métabolique et qui suivent ce régime augmentent leur chance de rémission de 49% comparativement aux malades qui suivent les recommandations alimentaires classiques (autrement dit réduction des lipides et présence des glucides à tous les repas).
Ces résultats impressionnants sont là aussi la conséquence d’une perte de poids significative, d’une réduction de la graisse abdominale et du niveau global d’inflammation.
D’autres études ont montré précisément l’effet de ce régime sur les taux d’hémoglobine glyquée, avec des diminutions comprises entre 0,3 et 0,5%.
Et si vous êtes « seulement » pré-diabétique, adopter ce régime alimentaire diminue d’environ 20% vos risques de développer un DT2.
De plus, il n’est plus nécessaire aujourd’hui de démontrer l’intérêt de l’alimentation méditerranéenne pour se prémunir des maladies cardiovasculaires, et notamment coronariennes, qui constituent des complications fréquentes du DT2. Cette alimentation améliore nettement le profil lipidique des personnes en augmentant le taux de cholestérol HDL.
Bref, adopter un régime alimentaire de type méditerranéen diminue votre risque global de mortalité, et ce, que vous soyez diabétique ou non !
Le régime méditerranéen est très largement basé sur un apport important en végétaux bruts, mais pas exclusivement. Or, l’importance des fruits et légumes pour la santé est bien connue aujourd’hui, malade ou non.
Des chercheurs ont donc voulu aller plus loin et se sont penchés sur l’impact d’une alimentation végétarienne sur le DT2.
Le régime végétarien
De nombreuses études confirment l’intérêt d’un régime végétarien, donc basé sur les végétaux, pour diminuer le risque de développer un DT2.
Mais au-delà de l’effet préventif, éviter la consommation de chaire animale impacte-t-il également la santé des personnes déjà diabétiques ?
La réponse est oui. Des études d’intervention en soulignent l’intérêt dans le traitement et la réduction des principales complications vasculaires. De même, le végétarisme tend à diminuer la résistance à l’insuline.
De multiples mécanismes potentiels en expliquent les avantages. On retrouve ainsi la promotion d’un poids santé, mais également l’augmentation des fibres et des phytonutriments, la qualité du microbiote intestinal et la diminution des graisses saturées, des nitrosamines ou du fer (inflammatoire en excès).
Cependant, à ce jour, je n’ai trouvé aucune étude qui montre que cette approche alimentaire seule permet d’inverser un DT2. Ce qui est logique, car on peut être végétarien et consommé de grande quantité de glucides… ce qui bien sûr n’est pas recommandé si vous souhaitez inverser votre diabète.
En conclusion sur la nature réversible du diabète de type 2
Ainsi, vous voyez que le diabète de type 2 est une maladie chronique, certes, et sérieuse… mais qu’il est possible de l’inverser, voire d’en guérir.
Je ne suis pas en train de dire que c’est facile. Mais que c’est possible !
Bien sûr, cela est d’autant plus facile que le diabète est relativement récent dans votre vie. Mais là aussi, si vous avez un diabète depuis 10 ou 15 ans ou plus, mettre en place de vrais changements alimentaires au quotidien peut grandement améliorer votre espérance de vie en bonne santé, prévenir les complications du diabète et peut-être vous aider à diminuer votre traitement.
Oui, c’est possible ! D’autres l’ont fait avant vous…
« Si quelqu’un désire la santé, il faut d’abord lui demander s’il est prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors il est possible de l’avoir. » (Hippocrate)
Ces études montrent néanmoins que la quantité respective des différents macronutriments (protéines, glucides ou lipides) ne fait pas tout, et que leur qualité est tout aussi déterminante pour la santé : glucides raffinés ou non, lipides insaturés ou trans, protéines végétales ou animales…
La perte de poids, d’autant plus lorsque l’on est diabétique, n’est pas une entreprise aisée, et ne repose pas sur la seule volonté. Il est souvent plus facile de se faire accompagner de manière intelligente et sensée. Si vous êtes diabétique de type 2, ou que vous connaissez des diabétiques que vous souhaitez aider, j’ai rédigé une page dédiée au diabète de type 2 sur ce site, et un guide spécifiquement pour vous.
Vous pouvez le télécharger gratuitement ici : La Révolution Diabétique.
Vous y découvrirez notamment les 4 erreurs les plus classiques des diabétiques de type 2. La 1ère est bien sûr de penser que le diabète est une maladie incurable. Je vous laisse découvrir les 3 autres !
Vous y trouverez également la place de l’activité physique dans un programme anti-diabète et l’importance d’un 3ème facteur auquel on ne pense jamais.
Et pour commencer dès maintenant à reprendre votre santé, et votre vie, en main, je vous donne un plan d’action à mettre en place, dès aujourd’hui.
Bonne lecture !
Et n’oubliez pas de partager cet article, peut-être aiderez-vous ainsi d’autres personnes !
N’hésitez pas à indiquer dans les commentaires ci-dessous les infos que vous aimeriez avoir sur ce thème, ou à témoigner si vous-même avez tenté ce genre d’approche.
Photo clin d’œil pour tous les lecteurs du guide 😉
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